Le rhum et le Guyana
La colonisation
Le rhum du Guyana puise ses origines dans une ancienne colonie britannique. Le Guyana est une République située au Nord de l’Amérique du Sud.
À partir de 1616, les premiers européens, des Néerlandais, arrivent au Guyana et fondent trois colonies séparées : Essequibo (1616), Berbice (1627) et Demerara (1627). Ils céderont leur territoire aux Britanniques en 1814. Une quinzaine d’années plus tard, les colonies sont regroupées et forment la Guyane britannique. Elle accédera à son Indépendance en 1966 sous le nom de Guyana.
La Jamaïque et le Guyana étaient les principaux pays fournisseurs de la Couronne Britannique en sucre et rhum. Concernant le rhum du Guyana, l’essentiel de la production était destiné aux esclaves, comme monnaie d’échange, ou aux marins de la Royal Navy.
La crise du sucre
Néanmoins, le rhum du guyana est marqué au 19ème siècle par la chute du nombre de distilleries au Guyana. La baisse du prix du sucre et l’introduction de taxes entrainent une concentration des domaines sucriers, passant d’environ 380 au 18ème siècle à 9 en 1942.
Les distilleries restantes ont toutes fermé l’une après l’autre à partir des années 1950, à cause de rachats ou de nationalisations : Port Mourant en 1955, Skeldon en 1960, Blairmont en 1962, Albion en 1969, Versailles en 1978, Enmore en 1994, Uitvlugt en 1999. En 1983, le seul producteur restant était ainsi Demerara Distillers Limited, né de la fusion entre les dernières compagnies de Guyana : Diamond Liquors et Guyana Distillers. Est alors créée la dernière distillerie productrice de rhum du guyana : Diamond, sur la rive Est du fleuve Demerara.
L’unique distillerie du Guyana : Diamond
Seule productrice de rhum du Guyana, la distillerie Diamond est aujourd’hui réputée pour le nombre d’alambics qu’elle habite, dont la majorité a été rapatriée des anciennes distilleries, mais aussi pour sa marque El Dorado rhum, créée en 1992. On y retrouve ainsi :
- Le Port Mourant, un double pot-still équipé de deux cols en cuivre, d’un retors et d’un condensateur, qui produit des distillats à 85-86% riches et puissants ! Il a été utilisé dans la distillerie du même nom de 1732 à 1955 puis à Albion jusqu’à 1969 et enfin à Uitvlugt jusqu’à 1999, avant d’être installé définitivement à Diamond depuis 2000
- Le Versailles, un alambic pot still à double retors en bois, âgé de plus de 150 ans, qui produit des distillats à 85-86% un peu plus légers que le Port-Mourant, avec des arômes épicés, fumés et floraux. Nombreuses fois déplacées : Versailles jusqu’en 1967, Enmore jusqu’en 1994, Uitvlugt jusqu’en 1999, puis Diamond ;
- Enmore, une double colonne de type Coffey datant de 1880, probablement la dernière en activité : les plateaux et la tuyauterie sont en cuivre et le reste de la colonne en bois greenheart. Elle produit des distillats à 90-95% assez charpenté, fruité et très aromatique ! Elle a été utilisée dans la distillerie Enmore de sa création en 1732 jusqu’en 1994 puis à Uitvlugt de 1995 à 1999 et depuis 2000 à Diamond ;
- Le Savalle, un alambic de 4 colonnes, datant du 18ème siècle, utilisé dans la distillerie Uitvlugt jusqu’en 1999.
- Et enfin des alambics plus récents: Trois alambics à double colonnes Coffey ; Un pot-still à double retors capable des rhums allant jusqu’à 7 000 hg/hlap !) ; Et une installation multi-colonnes.
Sources :
- « Demerara Distillers Limited, Guyana » OMPI
- Le Blog à Roger
- TastingBro’s
- Le Guide Hachette des Rhums
- Rum Porter – Juin 2014
- Rhum – Cyrille Mal